Notre
société fabriquera-t-elle dans quelques
dizaines d'années des milliers dhumanoïdes
clonés en laboratoire à partir d'embryons
humains ? C'est la question que pose Jean-Michel Truong,
chercheur en informatique, créateur de Cognitech,
une des premières sociétés au monde
à s'être spécialisée en intelligence
artificielle. Entre deux logiciels il a écrit
un terrifiant roman, Reproduction Interdite (Orban),
qui se passe dans les années 2030 en France.
On
y lit encore Libération ou Les Échos
mais on y exploite aussi des bataillons de clones humains,
conditionnés pour les besoins de la société.
Il suffit par exemple d'être un peu argenté
pour commander, à la naissance de son enfant
un double cloné à partir du même
embryon, qui sera élevé en laboratoire
et fournira à loriginal en cas de besoin,
un il, une jambe ou un bout d'intestin... Bref,
un retour à lesclavagisme par le biais
de la technologie.
"C'est un cri dalarme
devant la dérive possible des biotechnologistes,
dit J.M. Truong. Tout a l'air monstrueux dans mon roman,
et pourtant tout est près de la réalité.
Au moment où je l'écrivais, en 1987, on
a annoncé que l'université du Wisconsin
aux Etats-Unis venait de réussir le clonage d'un
embryon de veau qui a donné naissance à
deux veaux nommés Fusion et Copie. Plus tôt
donc que dans mon livre où je situe ces premiers
clonages des mammifères supérieurs dans
les années 90 !"
Pessimiste, et persuadé
que nous sommes entraînés dans un mécanisme
sans retour, Jean-Michel Truong ne se prive pas d'apostropher
l'Eglise et les philosophes. " Où sont-ils,
ceux qui pourraient nous guider ? " Heureusement,
il reste le cinéma : Jean-Michel Truong s'apprête
à participer à l'adaptation de son livre
par Jean-Jacques Beineix, qui vient d'en acheter les
droits.