Le Successeur de pierre
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L'autre visage du virtuel
par Laurence VIDAL

     Un monde où chacun vit enfermé dans sa bulle et ne communique que par le Web... Ce deuxième roman captivant nous promet des lendemains qui chantent.

     Nous sommes en 2032. A la suite d'un Tchernobyl Il, la moitié de l'humanité s'est pliée au plan Zéro contact : les citoyens d'Europe, d'Amérique du Nord et du Japon vivent désormais chacun à l'abri d'une unité de survie ou " cocon " d'où, de leur naissance jusqu'à leur mort, ils ne sortiront... jamais. Voyages, rencontres, travail : tout se fait grâce au Web. C'est tellement moins risqué ! Jusqu'aux ébats amoureux qui y gagnent. On crée soi-même en trois dimensions le pantin à la plastique impeccable qui saura répondre à tous ses désirs... Le meilleur des mondes, donc, dans une société démocratique où chacun peut participer en direct aux grands débats politiques (merci le virtuel). L'alliance enfin réalisée de la liberté et de la sécurité !

     C'est d'ailleurs l'avis de Calvin, quatorze ans, né en cocon et as du Web... Jusqu'au jour où Ada, sa presque mère, est brutalement déconnectée. Morte peut-être. Suicidée ? Assassinée ?

     En lançant sur les traces d'Ada ses limiers électroniques, Calvin est loin d'imaginer qu'il va découvrir le vrai visage d'un monde qui détruit un à un les humains devenus inutiles. Des humains bercés de belles paroles, bernés, froidement sacrifiés au profit de quelques-uns... Cela ne vous rappelle rien ? Si c'était là tout son propos, Le successeur de pierre serait déjà visionnaire. Mais un autre fil tisse la trame de ce livre génial : une interrogation sur l'intelligence — celle de l'homme, celle de sa créature virtuelle, celle de Dieu. Et c'est là qu'épuisant, ahurissant, stupéfiant, ce deuxième roman s'inscrit dans la lignée des grands de l'anticipation, celle du Meilleur des mondes et de 1984.

Laurence Vidal

© Gala, 8 avril 1999, n° 304

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