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page mise à jour le 8/03/13

 

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Christiane Vander Motte, Bruxelles, 19 mars 2003 :

Par hasard, celui-là même qui fait bien les choses, j'achète "Eternity Express".  - Enfin un roman que vous allez aimer me dit le Libraire, vous verrez, vous me direz quoi etc...  Un jour de chance!

Comme pour tout le monde, le premier coup d'oeil compte, enfin je crois.  J'aime la couverture, j'aime la photo (visage intelligent, regard superbe, personnage - vous l'auteur que l'on rêve de rencontrer un jour, de connaître,  j'allais presque dire personnage de roman, pourquoi pas puisque la vie est un roman; j'aime le texte en rouge, j'aime ce vert glauque indéfinissable, j'aime cette énergie que je reçois, aussi le poids de ce livre  dans mes mains, j'aime être dans cet état d'excitation à faire n'importe quoi, ce moment où l'instinct est le plus fort...ou tout est confus mais claire comme de l'eau de roche.   Soit.

Séduite, convaincue sans avoir ouvert le bouquin, faut le faire!  Pas si bizarre que cela, les titres de films qui me plaisent promettent des films qui me plairont.  Eternity Express, j'aime aussi parce qu'interpellant, faisant travailler l'imagination, une combinaison inquiétante déja au départ...

J'ose ouvrir, je tombe sur Isaïe 6, 9-10 et puis sur Blaise Cendrars qu'il me semblait avoir détesté naguère, je ne sais plus pourquoi, et puis à la page 11, j'entame le voyage....je me plonge dans l'histoire, me noie avec délice dans l'intelligence qui a pu faire naître l'histoire... Je vous cherche dans les personnages et vous trouve à tort ou à raison ci et là...

Et c'est de pire en pire, chaque phrase est un chef d'oeuvre, je m'enrichis, je n'en reviens pas, je ne désespère soudain plus de cette épouvantable humanité;  je suis en face d'un génie, d'une écriture charismatique;      (quel est le con qui prétendait que ce que vous écrivez n'est pas du texte ou quelque chose dans ce goût-là? - lu sur votre website). J'adore - le mot est faible - votre style bourré de lyrisme, plein d'énergie (encore ce mot qui me colle) où cynisme, humour, charme, désespérance, amertume, intelligence s'entrelacent, j'adore, j'ai jean-michel-truong une fois pour toutes imprimé dans l'un des tiroirs de mon crâne, dans mon âme pour autant que j'en aie une, quelle aventure, quelle émotion.

Soit, je m'en vais décortiquer votre website, imprimer les feuilles, lire votre roman, commander les autres de vos écrits et si vous le permettez, mais seulement si cela ne vous pollue point, je vous ferai part de mes remarques (quel culot! venant de moi qui suis personne), de mes commentaires (mieux, plus humble), et qui sait peut-être de mes questions (optimiste enfin), alors si votre agenda vous le permet et si le coeur vous en dit vous me répondrez- je l' envisage - et ce sera Saint-Nicolas et Noël et mon anniversaire, un cadeau en tout cas et un grand honneur.   J'en rêve.

Merci d'avance, merci des lumières d'années de fois d'écrire.

Jean-Michel Truong :
Merci, Christiane, pour cette lettre, de celles que tout auteur rêve de recevoir au moins une fois dans sa vie !
Bien sûr, je serai très heureux de prendre connaissance des réflexions que vous inspireront mes ouvrages, et de répondre à toute question que vous voudrez bien me poser.
A très bientôt, donc !

Christiane Vander Motte, 23 mars 2003 :

Votre website est la caverne d' Ali Baba, l' île aux trésors.  Beaucoup à lire et beaucoup à essayer de comprendre.  Y parvenir me semble optimiste pour une pessimiste et une piètre intellectuelle comme moi.  Très humblement, je vous propose d'ores et déja quelques questions simples (simplistes?) sans ordre apparent, qui me viennent à l'esprit, une sorte de brain storming en solitaire dirigée vers votre patience, votre sagesse douce et tranquille dont parlent les media.... Je dis cela parce que si les points ci-dessous vous cassent les pieds et je suis polie, ce sera leur faute (aux Média) et pas la mienne!  De toute façon rien ne vous oblige à y réagir, aux points ci-dessous j'entends.

Questions préliminaires, ce dimanche 23 mars 2003

Je lis que vous êtes catholique, est-ce que cela veut dire que vous croyez en Dieu?  Et si oui, qu'est-ce que cela veut dire croire en Dieu pour vous, Jean-Michel Truong Ngoc ou Jean-Michel-Truong-Zhang ou Jean-Michel-Xuân-Truong etc.  Je n'en sors plus.  C'est quoi votre nom, vraiment, j'aimerais bien Jean-Michel-Xuân-Truong-Ngoc-Zhang.  C'est plus simple !

Coq à l'âne.  La nuit venant, telle un gisant (une gisante?) dans mon lit Louis-Philippe qui grince (le lit, Dieu soit loué pas Louis-Philippe), avant de recharger mes batteries dans les bras de Morphée, je fais ma prière, remercie pour ma journée, cela implique: demande de protection pour ceux que j'aime, demande de deux ou trois petits services pour moi-même (je m'efforce de ne pas trop en profiter) et puis point final à la prière avec: ... et s.v.p. veuillez bien protéger la petite mésange, le rouge-gorge et les deux perruches vertes (nouvelles arrivantes) qui viennent picorer quelques graines à l'orée du parking sous l'arbre aux feuilles presque noires. Satisfaite du dernier boulot accompli avant la nuit, je m'endors; et vais voir ailleurs. 

Cela veut-il dire croire en Dieu, ou est-ce une pratique - la prière j'entends - lié à cet héritage judéo-chrétien incrusté dans le programme de mon être?  Est-ce que vous priez?  Est-ce que vous vous adressez à Dieu?  Est-ce que vous croyez à sa (toute) puissance?  

Depuis longtemps j'ai dit à mon voisin de palier qui esssaie de m'entraîner - entre deux ascenseurs - dans d'interminables dissections de textes religieux, je lui ai donc dit: si le paradis après la mort n'est peuplé que d'êtres humains, il sera pour moi sans intérêt, je vous le laisse, salut et merci.  Je veux des minéraux, des végétaux, des insectes et mes chouchous les animaux, et bien sûr, un petit troupeau d'humains qui me plaisent dont J-M-X-T-N-Z en vedette.  

Une spécialiste en équilibrage d'énergies m'a dit récemment, le monde animal est le monde sacrifié, ce qu'elle n'aurait pas dû me dire, quand bien même je le savais déja, car cette pensée m'obsède et m'empoisonne l'existence, retournant sans cesse le couteau dans la plaie.  Une vraie punition.  Elle a tout de même ajouté doucement en fine psychologue, constatant mon incommensurable tristesse: oui, mais tous les animaux se retrouvent sur une même planète après; lorsque vous pensez à la mort et au sacrifice chronique d'animaux, pensez donc à la lumière, beaucoup, beaucoup de lumière... Pour moi qui aime le crépuscule, c'était une autre mauvaise nouvelle, enfin depuis, j'ai suivi sagement la notice d'usage, au cas où.

A part Saint-François d'Assise qui parlait aux oiseaux paraît-il - je n'y étais (probablement) pas - en matière de saints qui aiment les animaux, il faut amèrement avouer que c'est mièvre.  Souvent je m'adresse à Séaliah, Ange qui comme vous le savez (mieux que moi évidemment) symbolise la plénitude de vie aux humains et aux animaux.  Je m'accroche aux services de son deuxième marché.  Je n'ai pas le choix.  J'espère comme pour le lotto.  J'achète mon rêve comme pour l'achat de votre roman.

Est-ce que vous croyez aux miracles?  (Cf. Les miracles ne sont pas une contradiction de la nature, ils sont simplement une contradiction de ce que nous savons de la nature - dixit Saint Augustin).  En ce qui me concerne, il y a plein de miracles tout le temps, il y a une gestion des miracles et par périodes le responsable, le CEO en personne fait du bon boulot, parfois j'ai l'impression qu'il est remplacé par un cadre moins efficace qui a son tour cède la place à un expert en la matière.  Je n'aime pas le changement, étant une inconditionnelle de l' anti-change-management minded, tant pis pour ceux qui pronent le progrès, moi je suis contre souvent!  (Tout de même parfois pour).  Je voudrais l'efficacité constante et soutenable de la part du CEO, du département des Sustainable Miracles Management Strategies.  Plus rentable!

Pourquoi, Jean-Michel  (vos parents vous ont choisi un joli nom, un très beau nom, doux et fort à la fois, de ceux que l'on a envie de prononcer) , est-ce que tout le monde dit (y compris vous, je crois me souvenir, veuillez bien me pardonner si je me trompe) l'on ne peut pas revenir en arrière, c.à.d. changer de programme, zapper sur une histoire plus bienfaisante, retrouver quelques arbres, quelques champs, quelque coins intacts, non pollués, retrouver du bon air, de l'eau de source sans minéraux lourds et autre crasse, pourquoi, n'y a-t-il pas eu une législation globale de stopper ou presque la procréation, la production, la consommation.  Limiter les naissances comme en Chine: très bien!  Pourquoi tout le temps produire et tant, pourquoi cette boulimie destructrice.  Pour le profit est une mauvaise réponse, puisque progrès = destruction de l'environnement avec tout ce qu'il comprend.  Où est le profit dans le néant à court, moyen et long terme? 

A mon avis le problème du monde réside presque entièrement dans le nombre de ses locataires humains, presque une Lapalissade.  Donc retourner à un monde moins peuplé, produire moins, prix plus chers etc.   Retourner la plaque et réimprimer le programme, à l'endroit cette fois.

Parenthèse: vous parlez de Global Waste dans votre dernier roman et cela me rappelle de nombreuses conférences dont j'avais fait le programme sur le sujet de la gestion des déchets, de la récupération d'énergie et de chaleur en utilisant des techniques telles que la cogénération, des émissions... J'ai visité pas mal de sites (décharge, incinération, cogénération) que ce soit à Lisbonne, à Prague, à Milan, à Berlin, à Bruxelles ou ailleurs, et à chaque fois je me suis dit, voila ce que nous sommes-nous mêmes des déchets sur deux pattes, des tubes digestifs boulimiques, des matières bio-dégradables: du waste dans toute son horreur et la planète n'est qu'un global waste dont nous sommes et le produit principal et le générateur.

Pas de mignons petits cimetières fleuris comme celui au charme d' antan de Salzbourg pour l'humanité du futur mais des fours crématoires dotés de filtres performants (pas de risque zéro pour l'atmosphère, économie et réductions des coûts obligent!)  Je m'écarte du sujet, je rêve de Salzbourg, de cette petite salle de style baroque où jouait Mozart... C'est vrai les Nazis étaient des précurseurs.  Et comme on dit que l'histoire se répète....  En pire encore....  Dans mon entourage le copain de l'une de mes amies à avancer un jour: tous ces films sur les juifs, j' en ai marre.  Je vois encore mon amie sans lui.

Bon revenons-en à la question du retour en arrière, pourquoi pas finalement, personne ne peut prouver que ce n'est pas possible.  Tout est possible.  Impossible n'est pas français.  En tant que petite Belge je le crois aussi.  Tout ce que nous pouvons imaginer doit être possible, puisque nous pouvons nous l'imaginer.  Dites-moi que c'est vrai?  Jour et nuit, noir et blanc, mâle et femelle, le revers de la médaille...., impossible donc possible, possible donc imposssible.... Ou non? Ou peut-être? Quid?

Une autre question au spécialiste de l'intelligence artificielle - je me souviens d'une des premières conférences dont je fis le programme pour le compte de Management Centre Europe - et qui s'adressait - la conférence - au monde pharmaceutique, un de mes orateurs, le Dr. Roberto Boschi - un ex de Sandoz, je dis ex par qu'il devint consultant créant sa propre société - et ce après avoir suivi un séminaire quelques part dans le Nord de l'Europe, séminaire qui le décida à changer le cap de sa vie; il fit donc table rase de tout (dans sa vie privée également) - merci séminaire dévastateur - et devint d'employé cadre supérieur chez Sandoz, petit consultant indépendant.  J' ai perdu sa trace - et aujourdh'ui je le regrette un peu - il me parlait à l'époque d'intelligence artificielle et cela me passionnait.  Il rapportait des case studies du Japon, pays qui à l'époque était seul je crois à se consacrer à cette problèmatique.  Il me remontait le moral en illustrant mes conférences avec des volets sur la possibilité d'utiliser l'ordinateur et de travailler avec des simulations pour remplacer l'expérimentation animale.  Bien que brillant orateur ou président de séance ce personnage intelligent et charismatique, d'avant garde, n'était pas toujours bien accueilli par les dynosaures conservatifs de l'industrie pharmaceutique;  ce qui ne m'empêchait nullement de réinviter chaque année Boschi à Zurich pour la conférence annuelle.   Et tant pis pour les dinosaures, qu'ils aillent voir ailleurs, ce qu'il ne faisaient pas car la salle de l'Intercontinental était comble à chaque coup!  Ouf.  Aujourd'hui le Prince Laurent de Belgique et son mini-team prend la relève.  Hélas avec de petits moyens.

Toujours concernant l'intelligence articifielle.  N'étant pas ingénieur (je le regrette et m'en excuse) je me permettrai de vous poser une question plutôt philosophique: L'intelligence - dans l'optique où nous avons été créés, n'est elle pas - celle de l'humain en l'occurence - par définition, artificielle.    Et alors l' artificial intelligence ne devrait-elle pas porter un autre nom pour qu'elle ne soit pas confondue avec le cerveau humain...?  Je veux dire nous sommes artificiels....non?  Nous sommes probablement programmés avec un facteur x qui nous donnent l'illusion de pouvoir chanter le monde en poèmes tels que le faisaient les troubadours, tout en étant capable de le construire pour mieux le démolir.   Nous ne sommes pas de l'intelligence naturelle à mon (très très très exponent infini + des poussières) humble sentiment.   Des oiseaux qui cimentent leur nid, le couvre de plastique imperméable, évitent maints dangers (sauf ceux des antennes télécom et autres décorations électro-magnétiques sur lesquels ils grillent) font preuve de plus d'intelligence, de créativité, de courage, d'ingéniosité etc. que beaucoup de mes semblables!  Certains oiseaux dont les corneilles et étourneaux ne s'y brûlent pas.

Toute petite, sachant à peine marcher je me sentais attirée vers les animaux et leur parlais bien plus qu'à mes soeurs humaines.  C'est comme ça.  J' avais un chat tigré nommé Nouchet avec lequel je communiquais tout le temps; nous étions en symbiose, sur la même longueur d'ondes, je savais ce qu'il pensait, il savait ce que je pensais, c'était merveilleux, c'était un privilège pour toujours.  C'est Nouchet qui m'a fait découvrir les senteurs du Lilas dans le petit jardin à l'arrière de la maison avenue Molière et les joies à escalader l'arbre jusqu'au petit muret, qui délimitait la propriété de l' hôpital Brugmann, à arpenter.  Un de ces petits miracles que l'on n'oublie pas.  Il y en a eu d'autres depuis, plus spectaculaires pour les non-initiés, bien plus étonnants pour les sceptiques.  Par exemple celui-ci: après avoir découvert le génie qu'est JMT, j'en ai parlé (waarvan het hart van vol is, spreekt de mond vanuit) à Beau-Renard avec ces mots:  Tu sais B-R, mon préféré (je dis préféré tout bas pour que Rose-Marine, la jalouse ne fasse pas une crise), j'ai fait la découverte d'un auteur tout à fait exceptionnel,  un tout grand monsieur, c'est tellement merveilleux de faire ce genre de rencontre, d'être face à l'intelligence (on y revient) à l'état pur;  et puis, j'ai dit à B-R, mon petit, mon tout grand chéri, mon merveilleux B-R, si tu comprends ce que je te dis, enfonce - si tu le veux bien - tes petites griffes dans la peau de ma main, tu peux vraiment ne t'inquiète pas, si tu comprends ce que je te dis, montre-moi que tu comprends en enfonçant tes petits ongles dans ... Ce qu'il a fait aussitôt avant de filer oreilles vers l'arrière, forme aérodynamique, beige et soyeuse, content de m'avoir fait comprendre qu'il avait compris quoique déçu du fait que j'aie pu douter un instant que lui par contre n'aurait pas compris.   Cela vous fait sourire.  Evidemment, je m'en doutais.  Dommage.  Mais non ce n'est pas une coïncidence, c'est une conversation, une communication, un échange entre un animal et cette chose un peu stupide, maladroite qui est moi, indéfinissable et que d'autres définiront de la race des humains. 

Sommes-nous les mercenaires de Dieu?

Qu'y a-t-il derrière le miroir (toujours Lewis Caroll dont l'étrange bouquin socio-politique - trancriptions des mouvements entre Wigs and Tories, "Alice in Wonderland", continue à me fasciner);  donc qu'y a-t-il derrière le miroir pour vous Jean-Michel?

Avez-vous peur de la mort? 

Carpe diem est votre devise je crois, tant qu'à faire jouir de la vie, ce qui est sage bien entendu, autant en profiter tant qu'il est encore temps.  Néanmoins, ceci étant dit, pourriez-vous vous sentir attiré par la mort, par curiosité, dans un moment de lassitude?   Dites-moi que non....Y a-t-il une sensualité dans la mort comme il y en a une dans la vie?  Je sais qu'il y en a une à donner la mort.  Hélas.  Celle des serial killers.  Il y a beaucop de potentialité en serial killers sur cette planète, vous ne croyez pas?  Just to get the kick out of it: l'horreur, le vice de fabrication.

Pourquoi les bons, les intelligents, les gentils, les honnêtes ne sont-ils pas au pouvoir, est-ce l'échec de la démocratie que d'élire des imbéciles, des hypocrites qui sont des représentants du peuple (fac simile) ?  Une dictature éclairée ne serait-elle pas de loin préférable? 

Qui est au-dessus des Gore (aussi un monstre en quelque sorte, quand l'on pense que l'on peut apprendre à fabriquer une bombe sur le Web dont il a si bien fait la promotion via ses approches stratégiques et politiques, ce qui est sans doute la même chose; c'est lui non qui servait comme homme de paille de Bill Gates); des Bush (George Bush fanatique religieux comme son père ou trop bête, seulement redevant à Papa à cause de ses échecs scolaires et en tant que manager, voulant à présent faire du bon boulot et être le premier de la classe en essayant quelques nouvelles munitions sur le sol Iraquien et Koweitien?)   Sont-ce les grands holding groups style Vivendi et autres, sont-ce les banques et autres institutions financières, ou sont-ce les mafias, les pirates des temps modernes, les trafiquants de drogues, d'êtres humains, d'armes, les groupements de fanatiques religieux?  Qui dirige qui, quelle est la hiérarchie sur cette planète, qui est le dieu de la Terre.... ou plutôt le Diable?  Pourquoi cette force du mal décrite dans les légendes des Vikings....?  Pourquoi la force du bien semble du côté des perdants, quand bien même je m'accroche (encore une fois) aux sept Justes grâce auxquels tout n'est pas dit-on perdu ? Pourquoi le système est-il mauvais?  Pourquoi cette machine infernale au rythme accéléré?  Parfois j'espère que tout s'arrête.

Est-ce que tout n'est qu'énergie et plutôt que le Dust to Dust, Ashes to Ashes ce serait Energy to Energy to Obscurity, Nothingness, Nought or Naught.   Quid pour vous?

Et l'on en vient au cerveau.  Partiellement utilisé, possibilité énorme.  Pourquoi n'en utilisons-nous qu'une infime partie et parfois ne l'utilisons-nous pas du tout (Cf. la majorité des gens, et des hommes politiques en particulier)?

Où se trouve le gène de la cruauté, de la méchanceté, de la bêtise humaine et pourquoi est-il implanté ou est-ce un vice de fabrication?  Si le producteur se nomme Dieu, c'est grave, non?  Peut-on renvoyer à l'expéditeur, au fournisseur avec notice: veuillez bien nous envoyer d'autres exemplaires sans vice de fabrication cette fois, s.v.p., avec nos remerciements anticipés... Et si l'on pouvait recevoir un nouveau stock, la question serait alors: pour quoi faire?

Petit break en matière d' ange.   Communiquez-vous avec votre ange gardien (Cf. Nous abritons un ange que nous choquons sans cesse.  Nous devons être les gardiens de cet ange - dixit Jean Cocteau).

Si ce n'est pas trop indiscret, vous êtes né quand exactement, jour? mois? Je n'ose vraiment pas demander l'heure et pourtant...L'heure est primordiale surtout quand l'heure est venue.

Pourquoi ne seriez-vous plus là en 2037?  Comment d'ores et déja pouvez-vous prétendre le savoir?  Dites-moi que vous n'en savez rien, qu'il ne s'agit que d'une pseudo-conviction basée sur quelque statistique erronnée en matière de longétivité...  Ne me dites pas que vous en aurez marre.   Enfin je comprendrais à recevoir de longs messages de tous vos admirateurs, vos lecteurs, votre troupeau d'adeptes, vos fidèles, vos clients.   Car c'est chose aisée d'être fidèle à un auteur comme vous, c'est là que le bât blesse, where the shoe pinches (marrant).

Tout ce que j'ai pu lire de vos théories me semble bien familier hélas.  J'ai l'impression en lisant quelques bribes de me retrouver devant ma propre masturbation intellectuelle vécue en continu, visant à élucider le cercle vicieux du qui sommes-nous, sommes-nous vraiment, et si oui, pourquoi et autres broderies sur le même thème.  Le seul qui nous importe...?

Plus spécifiquement:

Tout d'abord, qu'est-ce qui prouve que nous existons vraiment? Je pense aux graphiques et autres courbes affichés sur l'écran de l'ordinateur qui permet de visualiser les impulsions inhérentes au rêve du dormeur, impulsions identiques à celles du sujet éveillé qui court vraiment?  Alors où est s.v.p. est la différence, n'est-ce pas plutôt une question d'optique, c'est la cas de le dire.

(Le miroir encore, la barbe!).

Et pourtant, si Lewis Caroll avait raison?

Les jeux-vidéo ne sont-il pas la clé qui ouvre la porte à la réponse?  Nous entrons dans le jeu, nous ressentons des émotions.   Virtuel, ce n'était que virtuel, on l'a échappé bel.  Tout de même.

Faisons-nous partie d'un monstrueux jeu vidéo, rêvons-nous que nous sommes? 

Vondel a écrit quelque chose dans le style "het leven is een theaterspel en ieder krijgt een rol en speelt zijn deel". Dans theaterspel il y a le mot spel, jeu.

Jeu-vidéo donc?

Une question qui me perturbe et avec laquelle j'ennuie de plus en plus mon entourage est la suivante.

De quel droit sacrifions-nous tout à l'homme y compris lui-même, du droit du plus fort ou du droit du mauvais, du plus bête, du plus faible intellectuellement ?

Vous ne semblez pas accuser les scientifiques dans vos réponses, mais bien le monde politique.  Et pourtant sachant la pratique de certains scientifiques, massacrant des souris et autres victimes, pour le bien-être de cette sacro-sainte humanité et bien en ce qui me concerne, ces scientifiques sont des monstres, tout comme ceux qui piétinent bêtement la première fleur qui surgit au printemps.  Ce que je veux dire, c'est que tout ce que l'homme est capable de faire à la nature (OGM, pollution, destruction etc...), il est évidemment capable de le faire à l'homme (clonage, manipulation génétique, pollution, guerre, abattage, etc...), à lui-même donc.   En ce qui me concerne l'humanité n'aurait pas dû être créée, cette expérience a raté, un flop total.  La création aurait dû s'arrêter au dernier singe.  Et si trouver des remèdes au sida, cancer et autres maladies veut dire, massacrer des animaux, et bien moi je gueule à qui veut l'entendre, non nous n'avons pas le droit, de grâce non. Pitié.  Conscience.  Respect.  Massacrez-vous entre vous, bouffez-vous vous-même, sales cannibales!

Tant qu'il y aura des abattoirs sur la Terre, il n'y aura pas de terre bonne à vivre, pour moi en tout cas.  Et l'homme sera le Monstre. 

La vie est un cercle vicieux, dans le sens vicieux du terme.  Tout bouffe tout.  L'homme bouffe le plus.  Comment apprécier la création dans ce contexte.  Cette loi me répugne, me fait vomir.   Et pourtant j'ai beaucoup aimé et j'aime encore, j'aimerai toujours quelque chose ou quelqu'un, j'aime d'aimer.  Est-on un monstre - en oubliant parfois ce qu'est vraiment la vie? 

L' homme est-il le résultat d'une manipulation génétique sur un clone de singe par exemple ?  Je ne crois pas à la théorie de l'évolution qui ne tient pas vraiment la route.  Pourquoi, parce que rien ne change vraiment, il y a encore des hommes qui ressemblent à des hommes du Néanderthal et autres Cromagnoniens (en orthographe zéro, d'accord).  Parce qu' entre l'homme qui tue un cerf d'une flêche et la pratique dans les abattoirs des temps modernes, l'intention est la même à savoir donner la mort; seuls l'outil et le pourcentage de production diffèrent.  Ceci étant dit, je préfère nos ancêtres qui avaient le courage ou le désespoir (pas le mérite) de tuer eux-mêmes et non par procuration. 

Une question qui m'empeste l'existence, qui m'isole dans une tour d'ivoire, qui m'éloigne de plus en plus de mes semblables est celle de l'hypocrisie humaine, du non respect de tout, de cette boulimie destructrice de l'être humain à tout escient.  On tue tout, pollue tout, casse tout, abîme tout.  Abimer voila le terme, souiller, détruire et pas seulement des "opportunity targets" mais tout, vite fait, bien fait.  Table rase.

L'horreur. Sachez que je suis aussi un monstre, me déplaçant en voiture et de surcroît aimant conduire, mea culpa en matière de CO2 en tout cas.  J'ai peur le soir à pied.  Blindée dans ma carcasse de métal réconfortante, je bouge.   Escape from New York tout à fait prémonitoire tout comme Soilent green ou Soylent green.  Ai oublié l'orthographe.  Parenthèse, amusante et triste à la fois (toujours la théorie du contraire):

soil veut dire comme vous le savez: ground, layer of earth whence plants obtain nourishment, land, country.  Mais veut

aussi dire make or become dirty; pollute, stain (verbe) et en substantif: dirt, dirty stain, pollution, sewage (on en parle beaucoup dans le domaine des déchets); manure.

Y a-t-il une différence entre les humains et les objets inanimés?  Personnellement à part celle de la matière je n'en vois pas.  Pour moi, chineuse invétérée, les objets ont une âme.   J'en suis plus certaine que de la mienne.

Tiens ne trouvez-pas que la différence entre science-fiction et réalité n'est qu'une question de timing ?

Etes-vous d'accord qu' au plus que nous saurons au moins que nous saurons, et qu'il vaudrait mieux peut-être ne rien savoir du tout, fermer la boîte de Pandore?  Aux innocents les mains pleines.   Et pourtant êtes-vous d'accord qu'il vaut mieux savoir, savoir - cette quête perpétuelle du pouvoir, auto-défense envers et contre tout;  être à la hauteur (comme si c'était possible au sens onérique du terme) ?

Entre vous et moi - je vous confie, voila ce que c'est de perdre ses esprits - à la lecture d'un livre acheté par hasard.  J'ai une énorme sympathie pour tous vos lecteurs que je ne connaîtrai jamais.  Vos admirateurs dans la Presse et ailleurs sont mes amis (façon de parler).  Je comprends bien les réactions puisque ce qui est décrit dans la plupart des Press articles est un engouement pour cet grand écrivain que vous êtes.  Rien que du positif.   

La combinaison Vietnamienne ou devrais-je dire chinoise et alsacienne est un cocktail réussi c'est le moins que l'on puisse dire; votre parcours un très beau roman; mais je ne vous apprends rien, je répète ici ce que j'ai lu, je m'offre seulement le plaisir de carresser moi aussi - tout comme vos autres lecteurs - votre ego, geste qui n'a jamais fait de mal à personne.  Donc vous ne m'en tiendrez pas rigueur.  J'espère que ce soir, pour la première fois depuis que j'ai acheté votre roman Eternity Express, je parviendrai à m'endormir - insomnie non pas due à l'histoire que je trouve plus-que-parfaite et pas du tout science fiction évidemment, bien livre d'anticipation à très court terme, mais une analyse logique des choses de ce bas - au réel comme au figuré - monde;  mais insomnie due à la fièvre d'appréciation de ce talent, et à la découverte du grand auteur que vous êtes. 

Vraiment, je suis éreintée, épuisée, crevée, clouée sur place comme l'une de vos sympathiques lectrices pour laquelle j'ai la plus grande compréhension, était liée à sa chaise, ne pouvant interrompre sa lecture.  Ayant depuis le jour de l'achat du livre correspondu tout le temps avec vous dans ma tête, sous ce charme poignant et persistant qu'est l'intelligence d'un homme, je me sens "a woman under influence", droguée quand bien même je ne sache pas ce que cela veut dire n' ayant jamais fait l'expérience de la drogue.  Seulement j'espère que le retour - comme disent les drogués je crois -  ou plutôt la chute - ne fera pas trop mal.  Ce serait idiot de lire dans les faits divers du Soir ou autre canard, une femme s'est cassé la figure en lisant le roman de JMT, cela s'est passé à Bruxelles.  Pas de témoins.  Sans vie, elle tenait le livre de la main gauche

Mardi, j'irai chez Célerier chercher "Le Successeur de Pierre", le livre commandé devrait être en magasin.  Ca promet pour vous et pour moi.

Entre-temps la vie reprend son cours mais plus, plus jamais comme avant.

cvm

Les petites choses n'ont l'air de rien, mais elles donnent la paix.   Dans chaque petit chose, il y a un ange.  Dixit Georges Bernanos.   Je pense déja à demain lorsque j'irai nourrir la mésange et ses copains...

Je vous préfère encore plus parce que vous êtes Ecrivain après coup, doté de la force, de l'expérience, de la personnalité de l'homme d'affaire...  Le pouvoir, le charisme, l'intelligence, l'allure, le style, la persévérance, la discipline, le sens de la méthode de certains businessmen a toujours séduit les femmes.  Rien à faire c'est humain.

Finalemement, j'ai essayé de retrouver la page où vous êtes photographié avec chapeau, introuvable.  Donc je reste sur ma faim.  En revanche,  j'ai trouvé votre profil (au sens propre comme au figuré) dans le Vif-L'express.  Petite exploratrice, grande découverte.

Pour me rattraper de ce long email qui risque d'être deleted illico presto (pas grave), je vous offre ce soir, la toccata de Prokofieff, un petit air de Menotti extrait du Téléphone et deux passage d'un sextet de Brahms.   Maintenant si vous n'aimez pas et bien, j'aurai empiré mon cas!  

Jean-Michel Truong :

Que de questions ! De celles, pour certaines, qui sont destinées à nous tarauder jusqu'à notre dernier souffle, le mal, le sens de la vie, la vie après la vie... A celles-là, je ne me risquerai pas même à esquisser une réponse. Quant aux autres :

- Pour l'état-civil français, mon nom est Truong Ngoc et mes prénoms Jean-Michel, Charles et Xuan. Né à 8h30 le 16 avril 1950 à Wasselonne, Bas-Rhin. Pour ma famille vietnamienne, je suis Truong Ngoc Xuan, fils de Truong Ngoc Hau, fils de Truong Ngoc Nhieu, fils de Truong Ngoc Sô, fils de... Zhang Quoc Tam, qui à la fin du 19ème siècle émigra de Puning en Chine du Sud vers le Vietnam. « Truong » est la prononciation vietnamienne de « Zhang ».  Lui-même arrivé du Fujian en 1649, notre ancêtre Zhang Thang Phong a fait souche à Puning, qui compte aujourd'hui près de... 13000 Zhang ! Chaque année, à la pleine lune de novembre, tous ces cousins se réunissent dans le temple de famille de Puning pour révérer sa mémoire. Voilà pourquoi mes cartes de visite chinoises portent le patronyme de Zhang Luo Xuan.

- Mon père était bouddhiste, mais souhaitait que ses enfants fussent pleinement immergés dans la culture française. Aussi avons-nous été élevés dans la religion de notre mère. J'ai donc reçu une éducation catholique. Cela dit, je me veux athée. Je ne crois pas nécessaire de faire appel à des forces surnaturelles pour expliquer l'étant, même quand nous sommes à court d'explications naturelles, comme lorsque nous sommes confrontés à des phénomènes « miraculeux » ou incompréhensibles. Je me veux « matérialiste ». Pour moi, il n'y a pas de différence entre les humains et les objets inanimés, hormis le degré de complexité d'organisation du matériau dont ils sont faits.

Matérialiste, donc, et qui plus est, de la variété dite « évolutionniste ». L'homme n'est pas « le résultat d'une manipulation génétique sur un clone de singe », mais bel et bien d'une transformation progressive à partir d'états préhumains. Si vous ne percevez pas ces évolutions, c'est sans doute que vous ne vous placez pas à la bonne échelle de temps, et que votre regard n'embrasse pas la totalité du champ de vision. Et si vous avez raison quand vous décelez des vestiges néanderthaliens dans certains comportements de l'homme contemporain, vous faites trop peu de cas de l'évolution culturelle, qui chez l'homme s'est substituée à l'évolution biologique au point, dans un certain sens, de la stopper : ainsi que je l'ai montré, à la suite de Leroi-Gourhan, dans mon essai Totalement inhumaine, l'homme évolue en-dehors de son corps, par ses outils. Si bien que ses outils ont évolué plus vite que lui.  Qui dirige qui, demandez-vous,  quelle est la hiérarchie sur cette planète, qui est le dieu de la Terre ? Nos outils, ceux-là même que nous avons créés, et qui nous manipulent au point d'obtenir de nous que nous leur sacrifions nos propres enfants.

C'est dire si je ne puis souscrire à votre conception de l'intelligence humaine comme « artificielle » : non, l'intelligence n'a pas été « créée », elle a évolué à partir d'états moins intelligents, ayant eux-mêmes émergé de précurseurs pas intelligents du tout. L'amorçage initial de ce processus est encore un grand mystère, mais je veux croire qu'il ne sera pas nécessaire de faire appel à l'hypothèse d'un Créateur pour le résoudre.

Cela dit, je suis d'accord avec vous quand vous rappelez que les animaux font souvent preuve d'une intelligence confondante, et suis convaincu de ce que nous ne leur rendons pas justice. Cette réhabilitation du modèle animal est d'ailleurs une des découvertes les plus importantes de la recherche en intelligence artificielle : il y a davantage à apprendre sur l'intelligence dans le comportement d'un insecte que dans tous les raisonnements d'un professeur de Sorbonne.

Je me veux aussi « réaliste », c'est-à-dire que je postule ' sans pouvoir le démontrer, donc ' que ce que perçoivent nos sens existe bel et bien, et par conséquent non, nous ne faisons pas partie d'un « monstrueux jeu vidéo », et nous ne rêvons pas que nous sommes. Pardon, Lewis Caroll. Et pardon à la science fiction, dont les rêves les plus délirants sont toujours condamnés à courir après la réalité. Tout ce que nous pouvons imaginer est bien possible, puisque ça s'est déjà produit.

Enfin, je suis de ceux qui préfèrent, quitte à ouvrir la boîte de Pandore, savoir à ne pas savoir. Je n'en suis pas pour autant « scientiste », car je professe que la société a un droit de regard, de contrôle et de réglementation sur l'activité des chercheurs.

Pour finir, ai-je peur de la mort ? Je prétends que non. Fanfaron, va !

Philippe  H., 4 avril 2003 :

Comment envisagez-vous la mort ?

Jean-Michel Truong :

La mort est l'instant où se dissocient de manière irréversible la matière et l'information jusque là intimement liées en un individu. Après la mort, chaque composante connaît un destin conforme à sa nature et aux lois qui la régissent : le corps matériel – le "véhicule" – obéit à celles de l'entropie; quant à l'information – l'ensemble des "réplicateurs" passagers de ce véhicule – elle est de deux sortes :
- une information génétique qui se perpétue partiellement dans la progéniture du défunt;
- une information "mémétique" qui résiste à l'anéantissement dans la mesure où les mèmes qui la composent trouvent d'autres véhicules pour les héberger. C'est ainsi que l'image du défunt lui survit dans le souvenir de ses amis, que ses idéaux continuent d'agir à travers l'action de ses disciples, que sa pensée se perpétue dans la mémoire de ses étudiants, que ses névroses se répliquent – fût-ce "en creux" – dans celles de ses enfants.

Emmanuel Zenou, Nantes 1/4/04 :

« Le Successeur n'a ni but, ni projet, ni volonté propre » dites-vous dans une de vos réponses à votre courrier (fort intéressant et inspiré) de vos lecteurs. Alors j'irais droit au but : a-t-il des chances de survivre ? Je veux dire : croyez vous que le Successeur ait durablement des chances de survie en se maintenant sans but, sans projet, sans volonté propre ? Cette carence de projet, de but personnel est-elle durable ? (Ou ai-je mal compris votre propos, ce qui reste tout à fait possible). La volonté propre d'une espèce n'est elle pas une évolution nécessaire pour une survie durable ?

Certes, comme vous l'avez déjà précisé, il n'y en a pas besoin pour assurer des fonctions vitales, telles que la reproduction, la capacité de se nourrir et de se développer, etc. Mais en continuant ainsi et en se maintenant sans but, sans projet ou volonté propre autre qu'une simple survie « animale » (même si le terme est impropre ici), alors j'ai un pronostic possible (un scénario de science fiction ?) pour le devenir du Successeur : ne risque-t-il pas de tomber très rapidement (plus vite encore que l'homme, étant la rapidité des premières évolutions des e-gènes) dans un affrontement auto-destructeur avec ses propres « sub-évolutions personnelles » (divisions possibles en plusieurs sous-races issues de la « soupe primitive » initiale, luttant chacune et sans projet pour leur propre survie « comme dans le règne animal ») ? Mais alors, ne peut-on pronostiquer une fin d'auto-destruction rapide du Successeur, ses propres enfants se mangeant entre eux ?

Si au contraire le développement d'une volonté, ou d'un projet propre est possible, alors cette évolution ne serait-elle pas plus lente, bien que toujours possible ? (Vous me direz que l'homme n'a pas eu besoin de manquer de projet ou de volonté pour finir tout de même par s'auto détruire).

Alors peut être pouvons-nous, finalement et paradoxalement, pousser un grand ouf de soulagement : cas en effet l'évolution de notre espèce vers le Successeur n'est peut être pas aussi linéaire qu'on pourrait le penser. Et si (faisons-nous plaisir : continuons notre scénario de SF) après une auto-destruction rapide, le Successeur finissait terrassé par son manque de volonté et de projet et laissait de nouveau sa place à l'homme ? Dans une nouvelle relation de tuteur à cheptel : par le besoin qu'il aurait de l'homme pour lui donner cette dimension de projet et de volonté dont il manque (l'homme à son tour devient un outil pour le Successeur (ex-Successeur maintenant). La boucle est bouclée. Qu'est ce qui cloche dans mon scénario ??

Jean-Michel Truong :

Ce qui cloche, c'est que ce que j'appelle le Successeur n'est pas un individu, mais une espèce, composée d'une multitude d'individus, qu'on pourrait appeler des « successeurs », comme on distingue l'  « Homme » en tant qu'espèce des « hommes »  en tant que représentants individuels de l'espèce humaine.  Si à partir d'un certain degré d'évolution  les individus composant une espèce peuvent présenter des intentions, projets et volontés propres, en revanche, l'espèce qu'ils constituent collectivement est une entité aveugle, dont la seule « finalité » est de se perpétuer. Il arrive d'ailleurs que les intentions, projets et volontés de certains représentants d'une espèce compromettent l'intérêt objectif de l'espèce à laquelle ils appartiennent : c'est le cas des conduites suicidaires, par exemple. En ce qui concerne l'espèce « Successeur », ses représentants individuels actuels sont encore loin d'avoir acquis la possibilité de développer des projets propres. C'est grâce à la compétition aveugle qui s'instaure entre eux que le Successeur, en tant qu'espèce, évolue. Loin d'être « autodestructeur », cet affrontement lui est nécessaire.


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