Dans
Eternity Express, c'est d'un avenir proche qu'il
est question. Faute d'avoir à temps trouvé
les solutions nécessaires, nos régimes de
retraite sont en faillite. Nos enfants, et les travailleurs
venus d'ailleurs pour compléter une main-d'oeuvre
nationale déclinante, las de payer chaque année
davantage, trouvent une solution : certains retraités
pourront aller passer leurs vieux jours dans une ville
de rêve, au fond de la Chine, où une entreprise
spécialisée les prendra en charge, pour
un forfait compétitif en raison des bas niveaux
de prix de ce pays.
Les heureux élus embarquent à Paris dans
un train de luxe. Etape par étape, le rêve
se transforme en cauchemar, sous l'oeil de plus en plus
cynique du narrateur, un ancien médecin, qui n'est
pas un voyageur comme les autres. L'occasion, pour l'auteur,
de dénoncer quelques déviances de notre
monde : manipulations de l'opinion, exploitation de la
misère, de la maladie, de la vieillesse...
Jean-Michel Truong fait partie de la génération
du baby-boom qui est censée peupler son train.
Il décrit un univers du mal, sans aucune lueur
d'espoir, avec d'évidentes résonances historiques
qui sont vraiment choquantes. Il n'a pas tort de souligner
les dérapages progressifs de notre société
qui risque de perdre ses repères, par facilité
ou par lâcheté. Mais il oublie la volonté
et les efforts de tous ceux qui s'attachent à trouver
des solutions aux problèmes, à réformer
la société et assurer sa cohésion,
à défendre les valeurs humanistes. Cette
vision noire, caricaturale, peut avoir une utilité
: encourager le mouvement de réforme.
Michel
Pébereau
©
Le Journal du Dimanche, 23 février 2003, page 27
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