Commentaire
de Totalement inhumaine
par
Amaury Mouchet
Je viens de fermer la dernière page de "Totalement
inhumaine" et la première réflexion qui
me vient à l'esprit est de savoir si c'est moi
qui ai dévoré votre livre ou le contraire.
En tous cas, je vous remercie vivement et pour cet essai
ainsi que pour vos deux précédents romans
qui m'avaient également beaucoup touché.
Tous les trois suscitent ma plus vive admiration et
ont provoqué chez moi des marques que je garderai
à coup sûr toute ma vie. Ils ont l'immense
et le trop rare mérite d'aider à penser,
d'ouvrir de nombreuses perspectives et d'offrir des
grilles de lecture nouvelles (en tous cas pour moi)
même si c'est parfois en tentant de prendre le
contre-pied de vos arguments. Voilà, l'essentiel
est dit et, puisque j'imagine que votre boîte
aux lettres est très encombrée, vous pouvez
arrêter votre lecture ici.
Si
par hasard le temps vous en laisse le goût et la
possibilité, je serais cependant heureux que vous
me fassiez l'honneur de poursuivre ce courrier jusqu'au
bout. J'ai lu avec plaisir les échanges
que vous avez eus avec vos premiers lecteurs et j'aimerais
à mon tour mettre mon grain de sel, par quelques
questions et/ou réflexions. Elles ne sont peut-être
ni pertinentes ni même cohérentes et encore
moins ordonnées mais j'ai pour excuse que certaines
d'entre-elles ne se sont partiellement cristallisées
que de fraîche date, et vous n'êtes pas pour
rien dans cette catalyse.
1.
Pour commencer, je choisis la prudence en restant en terrain
familier (je m'efforce d'être un physicien théoricien
et j'ai la prétention de le devenir un peu plus
d'ici une trentaine d'années).
J'adhère pleinement aux "trois nouvelles révolutions
coperniciennes" que vous détaillez au chapitre
3 (p.27) et c'est ce qui me rend si plausible l'existence
d'un stade évolutif post-humain. Néanmoins,
je pense qu'une dynamique "à la Darwin", comme
toute dynamique complexe, est certainement sujette à
l'influence de plusieurs facteurs qui la rendent très
difficilement prédictible. La tendance de la matière
à s'organiser de plus en plus peut très
bien finir par ralentir voire à s'inverser non
seulement à la suite d'un événement
catastrophique (disparition des dinosaures) mais inévitablement
par saturation sous l'effet d'autres tendances contradictoires
(physicien oblige, j'ai en tête une analogie simpliste
qui vaut ce qu'elle vaut : la vitesse vers le bas d'un
corps en chute libre finit par se stabiliser sous l'effet
des forces de frottement avec l'air. On trouve également
ces effets dès qu'il y a rétroaction). Le
fait que l'univers soit tout de même parvenu à
accoucher de l'homme ne me paraît pas si étonnant
si j'évoque un argument du genre anthropique (il
s'agit d'un argument de cohérence interne qui peut
se résumer très grossièrement à
une réponse à Leibniz : il y a quelque chose
plutôt que rien parce qu'il faut nécessairement
quelqu'un pour poser la question. Voir par exemple le
remarquable "The Anthropic Cosmological Principle" de
Barrow et Tipler, Oxford 1986 mais je crois me souvenir
que Trinh Xuan Thuan en parle). L'argument en faveur d'un
successeur est qu'il est très improbable que cette
période de saturation de la complexité commence
justement avec l'homme et, justement, une grande partie
de votre livre tend à le prouver. Là où
je ne vous suis plus, c'est lorsque vous essayez de montrer
que la voie de la "pierre" est plus prometteuse (au sens
de la longévité) que celle de l'ADN en faisant
des projections sur des échelles de temps aussi
longues que plusieurs milliards d'années. Je ne
suis pas du tout convaincu par vos arguments du premier
chapitre à propos du devenir du Soleil ou de la
galaxie (auxquels il faudrait alors ajouter les modifications
profondes et inévitables du système solaire
- du fait de sa dynamique chaotique - d'ici à une
centaine de millions d'années, comme l'expulsion
pure et simple de la Terre par exemple. [Le chaos dans
le système solaire. Ivars Peterson. Pour la Science,
Ed. Belin 1995.] Ce n'est que sur des échelles
de l'ordre de cent mille ans que la mécanique céleste
donne l'impression de la régularité d'une
horloge). Il ne me semble pas possible de parier sans
risque sur l'un des média plutôt qu'un autre.
Dans leur état actuel, ils me semblent tous également
fragiles et je ne comprends pas pourquoi vous semblez
refuser l'évolution aux supports biologiques (surtout
après " Reproduction interdite ") alors que vous
l'accordez aux supports plus minéraux. Je ne suis
pas certain de bien comprendre les arguments entropiques
(avec un E cette fois) auxquels vous faites allusion (page
23 et dans votre réponse à Olivier Noël)
; je vous épargnerai les pinailleries pédantes
sur les conditions de validité du second principe
car, de toutes facons, je ne vois pas pourquoi il favoriserait
un substrat plutôt qu'un autre. En d'autres termes
plus imagés, tenter dès à présent
de distinguer les conditions qui sélectionneront
éventuellement une forme de vie d'ici quelques
milliards d'années me semble être aussi voué
à l'échec que d'essayer de localiser le
continent où vivait le "papillon" responsable de
la tempête qui eut lieu en France à la fin
du mois de décembre en 1999. Quant à savoir
si cette vie (ou si les successeurs de successeurs comme
on dit les siècles de siècles...) sera,
sous une forme ou sur une autre, en mesure de se maintenir
"à la fin du film" dans le cadre d'un univers ouvert
(voir votre réponse
à David Strainchamps) ou fermé, cela
ne peut être qu'un acte de foi mais que je suis
près à faire. Tant qu'à rester au
niveau des spéculations hardies, pourquoi ne pas
envisager que les connaissances futures permettront de
modeler l'espace-temps en créant artificiellement
des "trous de ver" qui offriront la possibilité
de fuir un système solaire en fin de carrière
ou tout simplement de se faire aider par des extraterrestres
suffisamment aveugles pour être bienveillants à
notre égard. Je pense en particulier aux romanciers
optimistes comme Robert Forward, un spécialiste
de relativité générale, dans son
excellent "Dragon's egg" (Ballantine books, 1980, trad.
francaise : Laffont 1984) et sa suite "Starquake" (Ballantine
books, 1985, où sont envisagées en appendice
des machines susceptibles de créer des trous noirs
artificiels) et à Carl Sagan avec son gentil mais
agréable "Contact" (Simon and Schuster 1985, trad.
Francaise: Mazarine).
2.
Où, en gardant un pied dans la physique, je m'aventure
au pays des mèmes avant même d'avoir lu les
ouvrages de Dawkins.
Votre chapitre 3, particulièrement la note 1 page
37 et son voisinage, me font penser (mais c'est peut-être
complètement déplacé) que le match
"d'Aristote contre Titi" existe aussi au niveau des mèmes
scientifiques. En outre, à mon grand désespoir,
j'ai l'impression que l'issue de ce match s'est décidée,
en physique, au milieu du XXième siècle.
En 1905 (au hasard ?) les meilleurs physiciens pouvaient
embrasser presque d'un seul regard la quasi-totalité
des grandes idées directrices de la physique (mais
déjà c'était un tour de force que
de contribuer significativement à la fois à
la théorie et à l'expérience, en
mathématiques et en physique). En 1995, la physique
ainsi que, de facon générale tous les domaines
scientifiques, était complètement éclatée
en une myriade de spécialités et de sous-spécialités
(il suffit de jeter un oeil sur les intitulés des
revues, leur sous-divisions et la logohrrée d'articles
qu'elles contiennent et à laquelle je m'efforce
de participer). Les mèmes "rationnels" globalisant
se sont fait dévorer par leur progéniture.
N'importe quel brillant thésard en physique est
capable désormais d'étonner un prix Nobel
de physique dès que ce dernier discute hors sa
spécialité. Que de résultats sont
maintes fois redécouverts indépendamment
faute de connaissance étendue (ou transversale
pour reprendre un épithète à la mode)
! Retrouve-t-on l'un des schémas cher aux connexionnistes
(y compris la nécessaire redondance entre "agents
sous-informés" ? Dans ce cas, faut-il s'attendre
à l'émergence d'un ordre spontané
? Quel serait alors sa signification ? Quoiqu'il en soit,
mon caractère, mon goût et ma (dé)formation
au collège et au lycée par les idées
formalistes inspirées de Bourbaki (je suis de la
génération nourrie aux "maths modernes"
enseignées dans les années 80) me font vraiment
regretter cet émiettement. Je suis tenté
d'avancer que ce morcellement de la connaissance et de
la réflexion humaine occidentale a commencé,
en occident, sur les rivages de ma chère méditerranée,
par la révolution des Éléates, lorsque
Parménide et Zénon ont fait voler en éclats
les certitudes des ioniens. Cette dynamique-là
est-elle soumise à une force inévitable
? La réponse n'est pas aussi évidente que
dans le cas de la gravitation (voir votre première
réponse à Bernard Strainchamps. Soit-dit
en passant, j'adhère complètement à
l'attitude de non-engagement sans connaissance de cause
que vous préconisez à cette occasion) :
par le peu que j'en sais (notamment à la suite
de ma lecture de "Le moine et le philosophe" par M. Ricard
et J.-F. Revel), j'ai l'impression que la philosophie
orientale a su endiguer cette tendance générale.
Avez-vous une opinion sur ce point ?
3.
Excursion vers la biologie de l'évolution.
Pour en revenir à vos "révolutions coperniciennes"
(la deuxième et la troisième), on pourrait
déjà les avoir adoptées uniquement
sur des arguments biologiques comme ceux avancés
par Stephen Gould dans ses nombreux recueils. Si l'on
décide d'abandonner l'intelligence comme mesure
de l'efficacité de l'évolution mais plutôt
de privilégier la longévité et la
stabilité d'une espèce vivante, alors entre
l'homme, les bactéries, les insectes et les patriarches
comme le Coelacanthe ou les merveilleux Gingkos, peut-on
vraiment distinguer une forme de vie en particulier ?
4.
On prend les mèmes et on recommence ?
Pourquoi n'envisagez-vous (du moins me semble-t-il) qu'un
seul successeur ? Je ne parle pas d'autres successeurs
situés dans d'autres systèmes solaires mais
de plusieurs successeurs cohabitant sur Terre. Le darwinisme
nous enseigne que la lutte à mort entre espèces
et au sein d'une même espèce, est l'un des
moteurs clefs de la sélection naturelle. Cette
dernière serait beaucoup plus atténuée
s'il n'était question que de s'adapter aux seules
modifications de l'environnement non vivant. Pour l'instant,
selon vous, l'unique compétition qui compte est
celle entre le successeur et l'homme mais peut-être
faudrait-il s'attendre à l'émergence de
plusieurs successeurs pour que ces derniers se développent
plus efficacement à long terme à travers
leurs conflits ? Ce qui finalement ne ferait que prolonger
à un niveau supérieur la bataille entre
e-mèmes. D'ailleurs, on ne peut que constater la
présence d'une compétition interne (j'ai
presque envie de dire endogène) à tous les
niveaux d'organisation : biologique, évidemment,
mais aussi mèmétique. Les idéologies
ne représentent-elles pas le degré le plus
élevé d'organisation, ou mieux de condensation
des mèmes ? Les combats sanglants du XXième
siècle entre idéologies n'en sont-ils pas
l'illustration ? Par sa définition, dont on peut
vérifier aisément la pertinence, une idéologie
ne compose pas avec les mèmes d'une idéologie
différente, soit elle parvient à les phagocyter,
soit elle les détruit après les avoir rejetés.
Pour transposer la dernière question du chapitre
13, p. 158, à quoi carbure l'idéologie si
ce n'est à l'oppression humaine ? D'autres luttes
de même nature entre les anciennes bêtes immondes
et les nouvelles ne se mettent-elles pas déjà
en place ? Mondialisation/anti-mondialisation par exemple
comme vous semblez le suggérer à Jean-Marc
Laherrère en donnant un exemple d'une préfiguration
du choc Imbus/Epsilon que vous prévoyez au dernier
chapitre. Du coup, si la compétition reste une
donnée essentielle dans le développement
des successeurs, pourquoi ceux-ci seraient-ils épargnés
par la peur et la haine dont parle Primo Levi dans l'incipit
de votre chapitre 10 ? Des plus viles mesquineries pour
préserver ses intérêts personnels
et gagner du pouvoir jusqu'à l'horreur d'un e-génocide,
j'ai bien peur que les ombrent ne se retrouvent à
toutes les échelles. à moins que vous ne
soyez en mesure de proposer un mécanisme spécifique
au successeur qui s'opposerait au développement
de plusieurs entités indépendantes ou à
la méiose (plutôt que fission) d'une entité
unique ; peut-être due à l'intrication des
substrats au sein d'un seul réseau et, par définition
de ce dernier, la présence de frontières
uniquement logicielles et non matérielles ? Dans
les sombres relations entre les différents passagers
de cette planète des teintes plus claires viennent
diluer la noirceur des conflits en une gamme continue
de gris. Il y a, je crois, des concrétions de mèmes
(donc pourquoi pas d'e-mèmes ? qui se distinguent
des idéologies et que j'ai envie d'appeler des
idéaux ; ils peuvent quand à eux se développer
en symbiose avec d'autres êtres vivants. Tel est
me semble-t-il l'idéal démocratique au sens
moderne du terme - et non pas dans ses formes archaïques
comme la démocratie grecque qui, pour exister,
doivent d'abord exclure, maintenir en esclavage ou défendre
une ségrégation de caste, raciale ou aristocratique.
Certes, cet idéal fragile est fatalement menacé
par les idéologies, galvaudé ou gangrené
de l'intérieur mais on ne peut nier son existence,
ses réalisations et sa capacité à
se maintenir. Les principes véhiculés par
les trois mots qui composent notre devise nationale même
s'ils ont une lourde hérédité ne
me semblent pas si mal après tout. Le fait même
que vous puissiez publier librement "Totalement inhumaine"
et dialoguer publiquement avec vos lecteurs ne tempère-t-il
pas votre pessimisme ? Vous et moi accordons une grande
importance à "s'enfermer dans sa bibliothèque
et méditer". Encore faut-il pouvoir le faire, ce
qui force la réunion de conditions hautement privilégiées
: être libérés de la nécessité
de survivre, disposer d'une certaine tranquillité
d'esprit à l'abri des persécutions et évidemment
avoir des bibliothèques. S'ils sont peu nombreux,
les états qui nous offrent ces précieux
avantages ont le mérite d'exister sans que ces
derniers soient obtenus obligatoirement au détriment
d'autrui (j'ose espérer que ce n'est pas le fonctionnaire
qui parle en moi). Comme autre exemple d'idéal
réconfortant je verrais également l'épicurisme,
l'art ou encore l'esprit non violent tibétain qui
déchaîne tant la haine de l'idéologie
communisme. Il me paraît plus naturel de considérer
ces idéaux comme des contrepoids aux idéologies
plutôt que de les voir comme des opiums au service
des Imbus. Pour les mêmes raisons qui, au paragraphe
précédent, me faisaient prolonger le mal
au niveau des successeurs, on peut également extrapoler
les idéaux à des e-idéaux dont on
peut voir les prémices dans les bibliothèques
et les musées virtuels ou, par exemple, sur votre
propre page personnelle (mais je reste plus que sceptique
quant aux vertus de ce que certains veulent faire passer
pour une démocratie virtuelle. Je repense à
l'un des morceaux de choix de votre "Successeur de pierre"
: le débat public virtuel).
5.
e-jugeote ?
Je vous avoue que, faute d'y avoir réfléchi
longtemps en bonne compagnie, je ne comprends pas
la réponse que vous donnez à Olivier Noël
à propos de la distinction entre conscience et
intelligence. Ne connaissant Piaget que de nom, j'aurais
spontanément répondu que c'est l'intelligence
qui est une condition nécessaire (mais pas suffisante)
de la conscience. Selon moi, l'intelligence est synonyme
de la capacité à analyser et penser c'est-à-dire
à établir des relations entre des éléments.
La conscience, pour ce que je suis capable d'en dire,
est une forme plus élevée de l'intelligence
: en essayant de s'analyser et de se penser elle-même
elle inclut en outre un processus récursif. Un
singe qui, pour atteindre sa nourriture, se sert d'une
branche comme outil possède incontestablement un
certain niveau d'intelligence ; en revanche j'ignore si
l'on est capable de discerner une forme de conscience
aussi élaborée. Dans certaines zones de
notre propre cerveau, il existe également une forme
d'intelligence qui trie, ordonne, regroupe et ce, de manière
souvent inconsciente (par exemple le travail de la mémoire
subtilement détaillé dans "Le sens de la
mémoire" de J.-Y. et M. Tadié, 1999, Gallimard).
J'ai bien compris pourquoi cette distinction entre intelligence
et conscience est accessoire pour l'argumentation de votre
livre (d'ailleurs je partage votre opinion que, de toutes
facons "toutes deux sont des propriétés
de la matière") mais j'aurais aimé bénéficier
de vos réflexions sur l'intelligence (ou sur la
conscience ?) artificielle. à propos, les travaux
de Dawkins ne représentent-ils pas, en eux-mêmes,
une forme primitive d'une conscience mèmétique.
Votre page web et la forme électronique du "Successeur
de pierre" ou de "Totalement inhumaine" ne sont-ils pas
les lointains précurseurs d'un futur moi (ou mieux
encore d'un surmoi) des successeurs ?
6.
Tout comme Jean-Marc
Laherrère, je pense que la classification Imbus/Cheptel/Epsilon
demanderait à être affinée. Comme
dans bien d'autres types de classifications, je suis tenté
d'introduire un continuum plutôt que des états
discrets. Plus spécifiquement, Imbus, Cheptels
et Epsilons ne sont que les points extrêmes dans
un spectre continu qui caractérise moins les individus
que leurs attitudes. Les transitions que vous évoquez
sont à mon sens beaucoup moins brutales, et plusieurs
phases peuvent cohabiter simultanément dans un
même individu. Bill Gates peut très bien
aimer la Joconde pour sa valeur et commerciale et artistique.
7.
Pour finir, puisque l'une des nombreuses qualités
de votre livre est non seulement la précision et
la richesse de ses références bibliographiques
mais surtout l'envie qu'il me donne de les explorer, permettez-moi
à mon tour de vous aiguiller modestement vers un
ouvrage récent, lui aussi admirable de rigueur
et d'honnêteté intellectuelle ; il me semble
qu'il s'inscrit à merveille dans vos réflexions
puisqu'il s'attache à étudier la dynamique
des différentes sociétés humaines
à grande échelle. Il s'agit de "De l'inégalité
parmi les sociétés, Essai sur l'homme et
l'environnement dans l'histoire" de Jared Diamond (Gallimard
2000) dont je préfère le titre original
"Guns, Germs and Steel". Dans ce livre, l'auteur identifie
les causes de l'inégale répartition des
richesses avec une surprenante et convaincante efficacité
en faisant appel à des domaines aussi divers que
complémentaires (théorie de l'évolution,
génétique, biologie moléculaire,
diététique, linguistique, archéologie,
immunologie, etc.). Si vous ne l'avez pas encore lu, vous
découvrirez que ce n'est pas par hasard si, en
plus des avantages technologiques (bateaux et fusils),
les espagnols de Pizarro avaient également de leur
côté les chevaux et surtout, chose très
surprenante, les virus qui décimèrent 95%
de la population indienne.
En
dépit de cette lettre fort longue croyez, je vous
prie, cher Monsieur, avec mes remerciements renouvelés
à mes sentiments les meilleurs.
Amaury MOUCHET
retour
à la page Critiques Lecteurs
|